Diversité linguistique et culturelle dans le parcours de formation de futur·e·s enseignant·e·s primaires issu·e·s de la migration : difficultés et apports

Abstract

Pour plus du tiers des élèves de l’école obligatoire du canton de Vaud, la langue maternelle diffère de la langue d’enseignement. Le plus souvent, en lien avec le phénomène migratoire dans un contexte d’augmentation démographique, cette différence de langue est également synonyme de différence culturelle. L’école a un rôle central à jouer dans le processus d’intégration des personnes issues de milieux culturels et économiques divers. La littérature (Felouzis et al., 2016 ; Kristensen, 2017) fait cependant état de la persistance de la surreprésentation des élèves issus de la migration dans les filières à exigences élémentaires du système éducatif. Dans un contexte scolaire à visée inclusive, les enseignant·e·s sont amené·e·s à gérer l’hétérogénéité culturelle et linguistique au sein des classes et des établissements de manière à favoriser la réussite du plus grand nombre d’élèves.

La recherche en cours, dont sont extraites les données présentées dans le cadre de cette communication, s’intéresse à des étudiant·e·s de troisième année du Bachelor en enseignement primaire de la Haute école pédagogique du canton de Vaud, elles-mêmes et eux-mêmes issu·e·s de la migration. Au travers d’entretiens semi-dirigés, leur perception de la prise en compte de leur diversité culturelle et linguistique durant leur parcours scolaire est évoquée, de même que leur construction identitaire entre deux langues et deux cultures. La question d’une potentielle exposition à des difficultés d’apprentissage et à des manifestations de discrimination pouvant être imputées à leur histoire migratoire (Allemann-Ghionda et al., 2006; Brinbaum et al., 2015) est également abordée. La recherche se centre cependant principalement sur la mise en évidence de facteurs de protection qui ont participé à un parcours de formation caractérisé par la réussite. Une meilleure compréhension des mécanismes à l’œuvre dans le parcours de formation de ces futur·e·s enseignant·e·s semble en effet susceptible d’apporter des pistes contribuant à une prise en compte accrue de la diversité culturelle et linguistique dans les classes et à mettre en évidence des stratégies visant une plus grande réussite scolaire des élèves issus de la migration. Les premiers résultats montrent que des expériences liées au vécu migratoire sont réinvesties de diverses manière dans la pratique professionnelle des personnes interrogées, notamment au travers d’une prise en compte de la diversité linguistique et culturelle de leurs élèves.