Sanction au secondaire I: Étude exploratoire sur un dispositif visant la réactivation du lien social

Abstract

Bien que les interventions punitives aient démontré leur inefficacité, notamment auprès des enfants et des adolescents présentant des difficultés récurrentes de comportement, elles ont toujours tendance à être surutilisées en contexte scolaire, particulièrement au secondaire. Centrées sur les manquements des élèves, elles se traduisent en général par l’octroi d’heures de retenue, de copies ou encore d’exclusion. Or, en contexte pandémique, ce type d’interventions semblent redoubler, malgré qu’une dégradation de la santé mentale des adolescent·e·s s’observe, tout comme la perte de repères et du lien social. Si ce dernier est au fondement de l’humanité, il demande un certain usage du langage. Les pratiques punitives excessives observées semblent briser cet usage, le rendre comme muet, plongeant de fait les adolescent·e·s dans une spirale de désengagement global et de perte de sens de l’existence. Si les interventions éducatives sont reconnues comme étant plus efficaces, c’est notamment par la réactivation du lien social et des relations positives qu’elles permettent, mais aussi d’un rapport brisant une certaine verticalité pour ouvrir le questionnement d’un besoin de défier les règles. Afin de gérer autrement les comportements perturbateurs à l’origine de ces pratiques punitives, et de permettre une ouverture sur l’altérité et la reconnaissance d’autrui, une équipe pédagogique d’un établissement scolaire secondaire vaudois a cherché à innover en proposant un dispositif permettant des interventions plus éducatives au travers d’une écoute active et d’une collaboration interdisciplinaire accrue. Cette communication vise à présenter les résultats exploratoires de cette innovation pédagogique, basés sur un journal de terrain et des entretiens avec les différents protagonistes. Les résultats préliminaires issus d’entretiens avec certains professionnels montrent une plus-value quant à la mise en place de ce type de dispositif tant au niveau de la gestion globale des comportements perturbateurs que de la réactivation du lien avec les élèves. En effet, le fait d’avoir une mise en communication « officielle » des ressentis de chacun permet une appropriation du vécu respectif : d’une part, les élèves saisissent mieux les normes et valeurs aussi bien sociales que scolaires ; d’autre part, les professionnels, notamment les enseignants, comprennent mieux le développement socioaffectif des adolescent·e·s qui traversent une période de vie fort complexe et ceci d’autant plus en période de crise sanitaire. Celle-ci semble en effet limiter l’appropriation des balises sociales nécessaires permettant de s’inscrire dans le monde postscolaire de manière sereine.