Le dispositif des ceintures de compétences au service du développement des capacités transversales et ses impacts sur l’anxiété d’évaluation

Abstract

L’évaluation revêt une importance fondamentale dans le système scolaire romand, reflétant sa place centrale dans la société. Cependant, cette importance accordée à l’évaluation peut engendrer un fort sentiment d’anxiété chez les élèves. Face à l’anxiété d’évaluation et à ses conséquences sur le bien-être des élèves, des approches pédagogiques alternatives, telles que le dispositif des ceintures de compétences insérées ou non dans la pédagogie Freinet, offrent une perspective moins anxiogène de l’évaluation et de l’environnement socio-éducatif (Gilles et al., 2018). Contrairement au système d’évaluation traditionnel, ce dispositif met l’accent sur la maîtrise progressive des compétences plutôt que sur la performance ponctuelle. Cette forme d’évaluation dite « positive » vise à encourager les élèves à persévérer en leur indiquant leur niveau d’acquisition contrairement à une évaluation-sanction (Cieutat & Connac, 2021). Dans le dispositif en question, les élèves travaillent à leur rythme pour atteindre différents niveaux de maîtrise, représentés par des ceintures. Il permet également de développer les capacités transversales comme la coopération, la communication et l’autonomie. Dans le dispositif d’évaluation positive en ceintures de compétences, les élèves ont, lorsque les objectifs contrôlés ne sont pas atteints, l’opportunité de passer l’examen jusqu’à deux fois. Selon Dueck (2016), le système de réévaluation offre la possibilité d’une deuxième chance et permet aux élèves de prendre conscience qu’ils peuvent améliorer leur performance et que l’erreur peut être considérée comme constructive et non comme une sanction. Cela peut également être un facteur de diminution de l’anxiété (Hanin et al., 2022).

La présente recherche quasi-expérimentale investigue les impacts du dispositif des ceintures de compétences sur l’anxiété des élèves lors des évaluations (Lonfat, 2023). Pour ce faire, 14 classes d’élèves des degrés primaires (3H à 7H) réparties dans un groupe expérimental (avec introduction du dispositif) et un groupe de contrôle ont rempli des questionnaires pour mesurer les niveaux d'anxiété à trois temps de mesure.

Les résultats mettent en évidence plusieurs conclusions. Les filles rapportent généralement davantage d'anxiété que les garçons. L'anxiété varie en fonction du degré scolaire, les élèves des premières années étant plus sujets à ressentir de l’anxiété face à l’évaluation. Concernant les effets de l’introduction des ceintures de compétences, les résultats relèvent un effet significatif sur l'anxiété, en réduisant les niveaux d'anxiété chez les élèves du groupe expérimental par rapport au groupe de contrôle, dans lequel une augmentation du niveau d’anxiété est constatée.

Ces résultats suggèrent l'importance de développer des stratégies pédagogiques axées sur les capacités transversales des élèves (coopération, collaboration, pensée réflexive, autonomie, etc.), leur responsabilisation et la reconnaissance de leurs réussites pour favoriser un environnement d'apprentissage serein et productif.